En rendant les élèves acteurs de la tragédie des biens communs, ce jeu permet de mieux comprendre la difficulté de gérer des biens communs en communauté (donc le climat).
La tragédie des biens communs est une classe de phénomènes économiques décrivant une compétition pour l’accès à une ressource limitée, menant à un conflit entre intérêt individuel et bien commun dont la conséquence rationnelle est un résultat perdant-perdant : la surexploitation de la ressource.
L’expression a été popularisée par un article de Garrett Hardin paru dans Science en 1968, intitulé « The Tragedy of the Commons ».
L’exemple typique utilisé pour illustrer ce phénomène est celui d’un champ de fourrage commun à tout un village, dans lequel chaque éleveur vient faire paître son propre troupeau. Hardin décrit l’utilité que chaque éleveur a à ajouter un animal de plus à son troupeau dans le champ commun comme étant la valeur de l’animal, tandis que le coût encouru par ce même éleveur est seulement celui de l’animal divisé par le nombre d’éleveurs ayant accès au champ. En clair, l’intérêt de s’accaparer le plus de ressources communes possible dépasse toujours le prix à payer pour l’utilisation de ces ressources. Rapidement, chaque éleveur emmène autant d’animaux que possible paître dans le champ commun pour empêcher, autant que faire se peut, les autres éleveurs de prendre un avantage sur lui en utilisant les ressources communes, et le champ devient vite une mare de boue où plus rien ne pousse.
PRINCIPE DU JEU
En rendant les élèves acteurs de la tragédie des communs, on prépare le terrain pour des explications sur les enjeux des négociations climatiques. Le but serait de faire jouer les élèves deux fois, pour qu’ils comprennent que le but n’est pas de gagner contre quelqu’un, mais ne pas perdre ensemble.
DEROULEMENT DU JEU
Le jeu se présenterait sous une forme simple : un plateau quadrillé (6X6, 7X7, ou 8X8) représentant le pâturage, des jetons représentants les moutons (de couleurs différentes selon le berger à qui ils appartiennent). Si un mouton est mis sur une case, celle-ci est retournée pour 4 tours (le temps que la ressource se reconstitue donc). Or, les moutons ne peuvent survivre que 3 tours sans manger. Une fois qu’un mouton a mangé, on peut le tondre et récupérer des ressources qui peuvent être utilisées à plusieurs fins : construire des choses pour soi, ou essayer d’entretenir le pâturage. Aussi, à chaque tour les joueurs doivent payer plusieurs frais liés à leur activité. Les frais augmentent s’ils choisissent de construire de nouvelles choses avec leurs revenus. Les joueurs ont aussi la possibilité d’avoir un mouton supplémentaire tous les deux tours.
Le jeu crée donc une impression de compétition entre les joueurs. Lorsqu’ un des joueurs pense avoir gagné, le professeur indique ensuite que le jeu n’est pas terminé et par conséquent les tours s’enchainent menant à la disparition des moutons et la ruine du joueur qui pensait avoir gagné. Le jeu peut alors être relancé, mais cette fois-ci le professeur indiquerait aux élèves qu’ils ont parfaitement la possibilité de coopérer, ce qu’ils n’auront pas fait lors du premier tour.
Il sera surement nécessaire pour les professeurs de faire des tests pour équilibrer le jeu. En effet, il faut que les périodes de renouvellement des ressources et celles de famine des moutons soient bien réglées pour que le jeu se solde par un échec lorsque seul un joueur reste sur le plateau. De plus, il faut maintenant l’intérêt des joueurs en ajoutant des cartes d’évènements aléatoires qui viennent perturber le déroulement du jeu en générant des coûts. Il faut aussi que le jeu soit suffisamment bien présenté pour que les élèves croient être en compétition sans pour autant que l’option de coopérer soit formellement exclue dès le départ. Cet aspect est très important, il faut que le professeur exploite la tendance naturelle à la compétition.
Une fois le jeu terminé, le professeur peut alors demander aux élèves de dresser des parallèles entre la situation qu’ils viennent de vivre et la question climatique. À ce stade, je pense que les explications sur cette thématique complexe seront bien mieux comprises par les élèves qui comprendront alors les difficultés des négociations
internationales.
Les joueurs croient en leur compétition alors qu’en réalité la solution est la coopération.
par Guillaume Futhazar, CERIC