Thierry Gauquelin (Professeur), Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale (IMBE)
Des évènements extrêmes, telles que des phases de forte sécheresse ou des tempêtes inhabituelles, que l’on peut mettre en relation avec le changement climatique, ont des effets directs et immédiats sur la végétation ou sur les sols, provoquant, par exemple, des mortalités de masse ou encore des érosions du sol parfois spectaculaires. Le réchauffement climatique, qui constitue l’expression la plus souvent mise en avant du changement climatique, a des effets moins immédiats et plus lents. Des premiers effets se manifestent cependant déjà au niveau de la phénologie des espèces [1], par exemple, concernant la date de débourrement de certains arbres. D’après les spécialistes modélisant les effets de ce changement climatique, ce dernier se traduira aussi (ou se traduit déjà ?) par la modification de l’aire de ces mêmes espèces. Ainsi, certaines espèces vont coloniser de nouveaux territoires, d’autres, qui ne sont plus adaptés au climat, vont disparaître de leur territoire d’origine, et d’autres encore ne seront que peu affectées par ce changement. On pense ainsi que le Chêne vert, espèce à affinité méditerranéenne, supportant bien sécheresse estivale et chaleur, va considérablement s’étendre vers le Nord de la France, alors qu’il ne dépasse pas aujourd’hui, le Golfe du Morbihan, dans le domaine littoral atlantique, où il reste rare. A l’inverse, on considère que le Chêne sessile, l’une des composantes majeures des forêts de plaine du centre de la France… va fortement régresser. Mais ces évolutions sont dans tous les cas lentes et les vitesses respectives auxquelles se font colonisation et extinction ne sont pas connues…Ceci ne doit pas nous exonérer d’anticiper ces changements… et ce sont des questions que se posent aujourd’hui quotidiennement les gestionnaires forestiers.
[1] la phénologie correspond à la chronologie des différentes phases du cycle vital d’un animal ou d’un végétal