Est-ce que tout est négatif dans le changement actuel et futur du climat ?

Nicolas Guignard & Thimotée Vedrenne
(étudiants Master SET spécialité Système Terre - Changements Globaux)

On nous parle souvent du réchauffement climatique comme une menace pour l’homme et l’environnement. On en connaît tout les points négatifs : fonte des glaces, hausse des températures, modification des écosystèmes, etc... Mais est-il possible qu’il y ait parmi tous ces effets négatifs des bénéfices liés à ces changements ?

Agriculture
Le réchauffement climatique va diminuer l’accès à la ressource en eau et augmenter les températures à l’échelle mondiale, cela impliquera alors une modification des techniques agricoles et des conditions de vie de la société. Les régions du monde situées aux hautes latitudes pourront alors développer l’agriculture sur des terres qui étaient trop froides (Canada, Russie…). Voir même dans certaines régions du monde comme Madagascar, l’agriculture du riz pourrait devenir plus productive. De plus, l’augmentation du CO2 (effet de fertilisation) profitera à certaines espèces arboricoles qui seront plus productrices (comme le bigaradier). 
Mais il ne faudra tout de même pas oublier qu’on ne sait pas encore si les sols des hautes latitudes permettront la même agriculture que les sols actuels des zones tempérés, et qu’il y aura une augmentation des phénomènes extrêmes tels que les tempêtes qui pourront impacter sur le devenir de ces futures cultures.

Santé
Avec le changement climatique les hivers seront plus chauds, il y aura donc moins de décès dus aux épidémies de grippes, pneumonies, etc... Dans les pays froids, l’élévation de la température devrait baisser la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires (baisse de 4% pour une hausse de 1°C). 
Mais les étés seront eux aussi plus chauds, entraînant des épisodes de canicules comparables à celui de 2003 avec des impacts sanitaires importants. De plus, d’après un rapport de l’OMS, le changement climatique pourrait entraîner environ 250 000 décès supplémentaires par an entre 2030 et 2050 : 38 000 dus à l’exposition à la chaleur des personnes âgées, 48 000 dus aux diarrhées, 60 000 dus au paludisme, et 95 000 dus à la sous-alimentation des enfants.

Fonte des glaces polaires
La fonte des glaces arctiques va permettre l’ouverture d’un nouveau passage, plus court, entre l’océan pacifique et l’océan atlantique. Cette modification profitera à de nombreuses compagnies de commerce maritime et d’États facilitant ainsi les échanges entre de nombreux pays de l’hémisphère Nord. 
Mais ce passage pourra aussi être la source de nouveaux conflits politico-économiques et avoir un impact important sur l’écosystème marin arctique qui n’est pas habitué à des passages quotidiens de bateaux de transport. Par ailleurs, la fonte des glaces polaires va diminuer l’albédo, ce qui augmentera l’énergie solaire reçu et entraînera donc la fonte du pergélisol qui peut potentiellement relâcher de grandes quantités de méthane dans l’atmosphère. Le méthane est un gaz à effet de serre, la fonte des glaces polaires risque donc d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre à la fois par la fonte des pergélisols et par l’augmentation du trafic maritime. 

Fonte des glaciers
La fonte des glaciers du Groenland et de l’antarctique va avoir des effets positifs, notamment car elle permet d’accéder à des ressources qui étaient jusqu’à présent emprisonnées par les glaces (pétrole, gaz, minerais). De plus l’eau libérée par les glaciers est riche en nutriments minéraux qui pourraient augmenter significativement la biomasse de plancton et donc indirectement la quantité de poisson péché ; notamment au niveau des eaux entourant le Groenland et l’Antarctique. En effet, d’après une étude réalisée en 2003, le fer relâché par cette fonte permettrait le développement d’une micro-algue qui « pompe » le CO2, les chercheurs affirment ainsi que le phytoplancton pourrait avoir un effet "tampon" sur le réchauffement climatique.
Néanmoins la fonte des glaces terrestres est très préoccupante car c’est elle qui est à l’origine de l’augmentation du niveau de la mer. La disparition des glaciers pose un second problème qui est l’accès à l’eau potable, en effet, les glaciers sont des réservoirs d’eau douce énorme dont dépendent les hommes et les écosystèmes (exemple : Les Andes).

Impacts environnementaux
Les différents biomes mondiaux seront modifiés, il pourra y avoir une végétation plus luxuriante dans les forêts tropicales (attention à la limitation en eau, en nutriments), ainsi qu’une augmentation de leur taille. Les vastes déserts boréaux seront repoussés au nord pour laisser place à la flore et la faune des taïgas permettant ainsi le développement de l’industrie sylvicole. Et dans certaines zones océaniques on pourra constater une augmentation de la biomasse de plancton.
Par contre on pourra se retrouver avec une augmentation massive des incendies de forêts et des modifications des cycles migratoires des faunes perturbant ainsi les chaînes alimentaires et entraînant la disparition de certaines espèces. Dans le cercle polaire arctique la disparition de la banquise aura un impact énorme sur la biodiversité et les espèces endémiques de ce lieu tel que l’emblématique ours polaire...

Conclusion
Grâce à la modification du climat, les pays des hautes latitudes vont devenir des nouvelles destinations touristiques ce qui constituera un apport économique important dans ces pays. Par ailleurs ils pourront aussi augmenter leur production agricole si le climat est plus chaud. Enfin les ressources pétrolières et gazières situées sous les glaces vont devenir exploitable.
Malgré tout, ces effets positifs restent minimes face au coût du réchauffement climatique. Seul les pays des hautes latitudes y verront peut-être des bénéfices mais cela n’est pas garanti. Le climat sera en moyenne plus chaud mais les aléas climatiques fréquents risqueront d’entraver le développement de l’agriculture et du tourisme.