Qu’entend-on par atténuation du changement climatique et par adaptation au changement climatique ?

  Joel Guiot (Directeur de recherche ; CEREGE ; Directeur d’OT-Med et de la fédération de recherche ECCOREV)

On parle d’atténuation (ou "mitigation" en anglais) du changement climatique pour des activités qui tendent à stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui ne perturbe pas trop le système climatique, ou plus vraisemblablement à diminuer leur vitesse d’accroissement. Deux grandes options d’atténuation sont généralement considérées. 
1) La première consiste à réduire les émissions, en limitant la consommation d’énergie, en changeant de sources d’énergie (énergies renouvelables), en améliorant l’efficacité énergétique des générateurs existants, en transformant les systèmes de transport ou de traitement des déchets et en réduisant la déforestation. 
2) La seconde option, souvent appelée séquestration du carbone, cherche à récupérer une partie du carbone de l’atmosphère et le stocker dans la biosphère. En effet, les écosystèmes, en particulier les forêts, peuvent jouer un rôle de puits de carbone et absorber le carbone de l’atmosphère par exemple lors de leur croissance. D’autres options sont étudiées mais ne seront pas efficaces à court terme, comme la séquestration dans les couches géologiques.

On parle d’adaptation au changement climatique pour désigner les stratégies, initiatives, mesures individuelles ou collectives visant à réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains aux effets des changements climatiques. Il s’agit donc de rendre ces derniers plus robustes. Leur vulnérabilité dépend du degré d’exposition de ces systèmes à l’augmentation des températures, à leurs caractéristiques (présence d’éléments plus ou moins sensibles), à leur capacité de réaction face à une perturbation. L’efficacité de l’adaptation dépend de facteurs en amont et aval : la prévention, la capacité d’anticiper, la robustesse des défenses en amont, la capacité à faire face aux conséquences et à se remettre des dégâts (résilience). La canicule de 2003 est un bon exemple d’adaptation ratée : des systèmes de santé désorganisés par des réformes draconiennes et tournant au ralenti en période estivale, un manque d’anticipation et l’absence de réaction des autorités compétentes, la présence d’éléments sensibles (les personnes âgées), l’irréversibilité des conséquences délétères pour les populations sensibles. Le problème de l’adaptation est d’autant plus compliqué que la prise de décision doit se faire dans un contexte d’incertitude à tous les niveaux. Adaptation et atténuation sont deux approches complémentaires et l’un ne se fait pas sans l’autre.