Thomas Curt (Directeur de recherche, IRSTEA, Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture)
Le climat général et la métérologie du jour conditionnent fortement l’éclosion des feux et la surface parcourue par les incendies, notamment via l’humidité de la végétation. Les plus grands feux se produisent généralement pendant les périodes de forte sécheresse et de vent violent, qui favorisent la propagation rapide de feux intenses difficiles à contenir.
La prévision quotidienne du niveau de risque incendie est basée sur un indice (Indice Forêt Méréo, ou IFM) inspiré d’une approche empirique canadienne, et modifié pour correspondre aux végétations combustibles méditerranéennes. Il est calculé deux fois par jour par MétéoFrance, afin de prévoir le niveau de risque du lendemain et le réajuster en matinée. Ceci permet de pré-positionner les forces de lutte dans les secteurs à fort risque. L’IFM est calculé à partir de données météorologiques simples : température, humidité de l’air, vitesse du vent et précipitations. Ces composantes alimentent un modèle numérique qui simule l’évolution de l’état hydrique de la végétation, et le risque d’incendie qui en découle. Ces modélisations peuvent s’appuyer sur des mesures quotidiennes sur le terrain : il existe ainsi un réseau de sites sur lequel l’état hydrique des principales espèces combustibles est mesuré quotidiennement pendant la saison à risque.
Des corrélations ont été établies entre la valeur de l’IFM moyen et le nombre actuel de départs de feu. Les chercheurs de Météo-France ont modélisé l’évolution de l’IFM de 1958 à 2100 (modèle Arpège-climat) et prédit une augmentation de la fréquence des jours à fort risque de feu de forêt, et une saison propice aux incendies plus longue, débutant plus tôt au printemps et se finissant plus tardivement en automne. Vers 2060, le niveau de risque normal serait celui observé pendant l’année 2003 qui a connu de grands incendies dévastateurs en Provence.